Poser pour la liberté - Portraits de scientifiques en exil
L’exposition raconte à travers des mots et des images le parcours de scientifiques contraints à l'exil.
La restriction de la liberté académique est un signe avant-coureur des démocraties en péril. Des universitaires du monde entier sont menacés, censurés, harcelés, limogés, emprisonnés, torturés, exécutés en raison de leurs recherches ou parce qu’ils expriment leur opinion. Ils sont alors forcés de s’exiler. Pour être libres, mais aussi pour continuer à contribuer à la science. Pour trouver refuge, ils doivent être invités par des collègues. Renouant avec une tradition qui a permis, de tout temps, de préserver des vies et de faire progresser la science, le Programme national d’accueil en urgence des scientifiques en exil (PAUSE) s’engage depuis 2017 aux côtés des universités pour organiser cet accueil en France.
Pendant deux ans, des portraits de scientifiques exilés et de leurs accueillants ont été réalisés. Ce projet résulte de la collaboration entre l’universitaire Pascale Laborier et le photographe Pierre-Jérôme Adjedj. Il est né de leur dialogue sur la représentation de l’exil scientifique en y associant les personnes photographiées. Pour la prise de vue, ils les invitent à apporter quatre types d’objets symboliques : photos du pays d’origine et du pays d’accueil, objets personnels ou évoquant le domaine de recherche. Par un jeu de transparence, les visages se mêlent aux fragments symboliques pour retracer ces parcours de vie. Ils viennent parfois à disparaître afin de préserver l’anonymat de ces scientifiques menacés.
Certains viennent de régions où la population est déplacée en raison de persécutions, de conflits armés, de violences ou de violations des droits de l’homme, comme en Syrie ou en Irak. Ils sont devenus la cible de régimes autoritaires, comme le sont des artistes, des intellectuels ou des militants, hier, au Chili ou en Uruguay, aujourd’hui, en Turquie, au Burundi ou en Chine. D’autres voient leurs lieux de travail ou leurs maisons détruites, dans le Xinjiang (Chine) ou à Alep (Syrie). Tous dénoncent les violations graves des droits humains par des régimes oppressifs ne tolérant pas la liberté d’opinion, de la République démocratique du Congo au Venezuela.
La France a ratifié en 1971 la Convention de New York dite de Bellagio qui marque le tournant de la mondialisation du statut de réfugié. Si les régimes autoritaires est-européens et sud-européens restent une cause durable de migrations forcées, la France accueille désormais en nombre à cette époque des exilés non-européens fuyant les guerres et les dictatures.